Tribune “indé” : La gentillesse, ce vilain défaut

Et si ça devenait enfin une compétence recherchée ?

Lorsqu’elle avait 20 ans, l’écrivaine à succès Virginie Grimaldi a été recalée d’un poste, dans le domaine bancaire, pour avoir déclaré, en toute sincérité, que sa principale qualité était la gentillesse. Un rejet révélateur d’un système de recrutement déconnecté des réalités humaines du monde professionnel. Dans de nombreuses entreprises, les valeurs humaines comme l’empathie, l’écoute ou la bienveillance sont encore perçues comme accessoires, voire suspectes, là où elles devraient être centrales.

Les directions continuent de privilégier des parcours académiques impeccables, des CV bardés de diplômes, des expériences calibrées. Cette obsession du « toujours plus » en matière de qualifications occulte une réalité pourtant cruciale : ce qui fait fonctionner une entreprise, ce ne sont pas seulement les compétences techniques, mais aussi la qualité des relations humaines. Un·e bon·ne manager ne se distingue pas par son autorité froide ou sa capacité à réciter un manuel de gestion. Sa faculté à comprendre, fédérer et inspirer ses équipes est primordiale.

Or, jamais on ne lit dans les offres d’emploi que « savoir aimer les gens » est une qualité attendue. Pourtant, c’est sans doute la première exigence du leadership moderne. Un·e cadre qui sait faire preuve d’attention sincère, qui valorise ses collègues, qui cultive la confiance plutôt que la peur, transforme radicalement l’ambiance d’un service et la performance collective.

Il est temps de réorienter les critères de recrutement. Ce n’est pas en empilant les savoirs théoriques que l’on forme de bon·nes professionnel·les, mais en reconnaissant et en valorisant les qualités humaines. Ce sont elles qui bâtissent des environnements de travail sains, attractifs et durables. Mettre l’humain au cœur des organisations n’est pas un luxe naïf ou un acte d’angélisme. C’est une nécessité stratégique.


Christian Brunier, ancien dirigeant d’entreprise



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