RSE, inclusion et courage : ces entreprises qui tiennent le cap quand le vent tourne

Depuis le 1er janvier 2024, une nouvelle directive européenne impose aux grandes entreprises un reporting de durabilité, contraignant les dirigeantes et dirigeants à rendre des comptes sur leurs engagements RSE. Ce qui pouvait autrefois relever du bonus ou du greenwashing est désormais structurant. Bien.

Illustration : Owl Illustration Agency

Passer par des contraintes permet parfois de changer les mentalités, les pratiques... et les priorités. La réciproque est tellement vraie aussi. Comme le rappellent certains articles du hors-série de Harvard Business Review France intitulé Le défi de la performance (mars 2025), le rapport financier ne suffit plus : il faut incarner une vision, clarifier une mission, et surtout, démontrer en quoi l’entreprise contribue à changer le monde. Sans engagement sincère, la contrainte restera une coquille vide. On appelle ça l’impact positif net : prendre en compte l’impact des activités de l’organisation sur la planète et les humains. Ambitieux. Essentiel. Régénérant ! L’économie, le monde du travail ont un rôle essentiel à jouer.

Résister à la tentation du repli

Dans un climat mondial marqué par le retour de discours anti-woke, la remise en question de l’ESG* et les menaces politiques contre la diversité et l’inclusion, certaines entreprises résistent. Elles choisissent de poursuivre leur cap, malgré le vent contraire. Ce choix n’est pas neutre : il demande du courage, une vision claire, de la robustesse !

Diversité et inclusion : des engagements sous pression

Les politiques DEI (diversité, équité, inclusion) font partie des premières visées par les critiques depuis le début de l’année 2025, notamment aux États-Unis où certaines entreprises ont été poursuivies pour « discrimination inversée ». Dans ce contexte, continuer à promouvoir des environnements inclusifs, à défendre la représentativité des minorités, à recruter autrement ou à s’attaquer aux biais systémiques devient un geste militant. Et éminemment stratégique.

Le « c’était mieux avant » est tentant, certes. Pas besoin de se remettre en question, tout le monde se ressemble, rien ne bouge. Mais cette vision nie la diversité humaine, et passe à côté des limites écologiques qui nous rattrapent.

Naviguer sur les mers DEI demande un équipage engagé, formé, où les rôles et une compréhension fine du réglage des voiles et de la barre sont essentiels pour garder le cap. Cela demande aussi de l’humilité et de l’intelligence collective.

HBR souligne une réalité trop souvent oubliée : la diversité n’est pas un poste de dépense, mais un levier de transformation profonde. Elle oblige à penser autrement, à coopérer au-delà des silos, à dialoguer avec les parties prenantes. En d’autres termes, à manager autrement.

Coopérer pour faire émerger un autre futur

L’un des enseignements majeurs de ce hors-série réside dans cette idée : lorsque les entreprises coopèrent plutôt que se concurrencent, elles deviennent capables d’affronter des problèmes systémiques. Que ce soit pour lutter contre les inégalités, anticiper les effets de l’IA ou réparer le lien social, aucune organisation n’a les moyens d’agir seule.

Créer des alliances, des coalitions sectorielles ou territoriales, c’est faire preuve d’humilité stratégique. Et c’est là encore une posture managériale forte : reconnaître qu’on ne détient pas toutes les réponses, et qu’on peut apprendre des autres.

Une vision plus systémique du leadership

« Les entreprises à impact positif net proposent des solutions plutôt que d’attendre (ou de se plaindre) que des réglementations leur indiquent quoi faire. », lit-on dans un article. Cette posture proactive, tournée vers l’innovation sociétale, fait écho à une redéfinition du rôle du et de la leader : ne plus simplement chercher à limiter les risques ou optimiser la rentabilité, mais plutôt assumer la responsabilité d’agir sur des systèmes entiers (climat, inclusion, équité, éducation, territoires, etc.).

En choisissant une vision élargie de leur raison d’être, les entreprises redessinent les contours du leadership.

  • Il ne s’agit plus seulement de gérer les risques, mais de régénérer, de prendre soin du Vivant, au sens large.

  • Il ne s’agit plus d’attendre des injonctions réglementaires.

  • Il s’agit de poser des actes fondateurs, même s'ils ne rapportent pas tout de suite.

Et pour cela, il faut accepter d’être pionnière et pionnier. D’essuyer parfois la critique. De tenir bon quand le climat politique ou financier pousse au repli.

Cela demande du courage, de la clarté, de la persévérance. Et parfois... de faire un pas de côté, malgré le bruit ambiant.

Le courage comme compétence clé

Dans un monde instable et complexe, s’engager n’est plus un luxe, c’est un choix de cap. Un acte de leadership. Un acte politique. Les dirigeants et dirigeantes qui tiennent bon sur la diversité, l’inclusion, l’écologie ou la justice sociale savent que cela ne paiera peut-être pas dès demain. Mais que cela construit de la confiance, du sens et de la résilience. Aller vers un monde du travail qui prend soin du Vivant devient un acte de bravoure.

Les entreprises qui auront résisté à la tentation du cynisme auront un avantage. Non pas seulement financier, mais humain, culturel et stratégique. Car comme le conclut brillamment HBR : « Il ne s’agit plus seulement de faire du reporting. Il s’agit de choisir comment on veut peser dans le monde. »

Chez ikonoclaste, nous avons à cœur de mettre de la lumière sur les personnes et les organisations qui nous inspirent. Si la technologie nous permet d’aller plus vite, prenons le temps de développer le care avec audace et courage.

On y va ?

* ESG  Environnemental, social et de gouvernance


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